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Les histoires font la loi
16 avril 2010

Au sud de la frontière

Lu Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil de Hiroki Murakami. Au 2/3 du livre apparaît la crise, le déséquilibre crucial que traverse Hajime, le dilemme fondateur de l’histoire. Marié à une femme qui l’aime, père de deux petites filles, heureux en ménage, aisé, avec deux boites de jazz, une résidence secondaire, un beau père puissant qui l’apprécie et le comprend au point de lui suggérer des maîtresses, il retrouve Shimamoto-san à 37 ans par les hasards de la vie, la petite fille dont il était l’ami amoureux à 12 ans. Murakami construit soigneusement son début jusqu’à ce point de déséquilibre.

                                                                Au_sud

Il nous fait vivre les heures douces, l’émoi des moments passés avec Shimamoto, fille lumineuse et qu’il ressent comme supérieure à lui. Les 2 sont seuls, enfants uniques. Puis on partage la vie d’Hajime qui de Izumi à Yukiko ne parvient pas à combler le vide laissé par Shimamoto-san. Quand la jeune femme revient, il ne sait rien d’elle.

Il est clair que la mort et le mystère l’entourent, choisir de renoncer à sa vie parait insensé, et dans le même temps, suivre Shimamoto c’est se retrouver lui  même, défendre une vie voulue contre les murs gris des bâtiments d’affaires de Tokyo, la foule résignée, les rêves morts.

Ce qui compte c’est que Murakami a construit son histoire pour que ce moment ait le plus de force. Il a le génie de la texture pour habiller la narration, mais la structure est là : simple, rationnelle, précise au moindre détail, ingénieuse et surtout implacable.

De même dans I, robot. La crise c’est que les robots organisent la prise du pouvoir et qu’un seul homme est en position de les contrer. A partir de là, tout est pensé depuis le début.

Un homme sauvé par un robot et sous couvert de culpabilité en veut au robot au point d’être isolé et ridicule, alors que les robots rendent service, sont les amis sociaux. Un flic pour pouvoir être chargé de l’enquête d’un professeur créateur de robot qui devine la machination et lui laisse des indices. Une jolie fille experte en robotique pour antagoniser love affair et cause des robots, enfin un robot un peu différent, de même que lui est un homme un peu différent, pour mesurer à la fin la paix retrouvée quand entre les deux se dessine une amitié empreinte de respect et d’émotion. Enfin un antagoniste “fille”, un robot, qui utilise la logique au point d’en tirer des conclusions hallucinées.

La crise est ce qui tient le plus serré le plot et les personnages.

Si la clé de voûte dit tout du thème et annonce la couleur de la fin, la crise est le lieu que l'auteur doit le plus soigner, car c’est là qu’il peut régler intrigue et personnage, de façon à débuter son histoire sans erreur.

 

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