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Les histoires font la loi

18 avril 2012

One coffee, one script !

J'ai le plaisir de vous inviter à me rejoindre sur mon nouveau site onecoffeeonescript.com  !

J'aimais bien le fouillis chaleureux de ce blog, qui restera en ligne, mais j'ai eu envie d'offrir aux auteurs et passionnés de cinéma et d'histoires un espace plus convivial et moderne. En plus de mes contributions, l'esprit de ce nouvel espace se veut résolument collaboratif, et j'appellerai tous les intervenants du monde du cinéma qui le voudront, y compris dans le monde anglo-saxon, à y aller de leur guest post.

L'idée : tisser davantage de liens dans un monde où désormais tout communique à la vitesse de la lumiére, intensifier les échanges, densifier les relations, pour mieux servir notre art, approfondir notre passion et développer davantage de projets.

Plus que jamais le monde a besoin d'histoires, de belles histoires. Plus que jamais les auteurs doivent sortir de leurs solitudes, se rassembler, se retrouver. Plus que jamais les frontiéres doivent être dépassées, pour laisser les histoires voler librement, plus fort que jamais, plus haut que jamais.

Aujourdhui écrire signifier entreprendre et partager.

Si vous avez l'âme créative, le sens du partage, une envie forte, si le cinéma et l'écriture sont l'essentiel de votre expérience intime, si vous êtes amateurs d'histoires, originaux, rêveurs, décalés, inspirés, ouverts...ou juste curieux...c'est par là, vous y êtes les bienvenus.

onecoffeeonescript.com

 

 

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2 mars 2012

Tordre le cou aux idées reçues

Tiens c'est vendredi, et pour tout dire, j'avais la plume paresseuse. Mais finalement je vais surfer sur le soleil radieux qui baigne le jardin et dont les rayons pointent vers le pc dans un sous entendu qui en dit long. C'est entre le soleil et moi et il a gagné.

Aujourdhui c'est jour de faire la peau à l'incommensurable amoncellement d'idées reçues qui baignent le beau pays du scénario.

Tour d'horizon rapide :

  • écriture des scénes : "commencer tard, partir tôt." magnifique. sous couvert d'éviter digressions et moments plats, vous venez de dire adieu à Sergio Leone et Tarantino. Désolé les gars, le manuel est contre vous.
  • dialogues : le moins possible, vu que "show don't tell". Oops on a perdu Woody Allen, Bacri Jaoui et Shakespeare s'accroche aux branches. Tant pis, eux non plus ne passent pas le cut. On vous rappelle.
  • "less is more" ahh, le rasoir d'occam appliqué bravement à la dramaturgie. On vient de perdre à peu prés tout le burlesque depuis la création du cinéma, toute la comédie italienne, de funés et fernandel et j'en passe, parce que pour tous ces génies, oui monsieur, "more is better" surtout si c'est excessivement more à en faire péter le plafond. à ce point de notre bilan, en gros, 70% du cinéma mondial est déjà recalé. Si Mel Brooks ou les Monty Python sonnent pour revenir, n'ouvrez pas. Et pour le prix on va laisser Apatow et Tex Avery dehors aussi.
  • garder le spectateur à l'esprit. le pôvre, qui est un demeuré, doit être soigneusement guidé dans les méandres balisés d'une intrigue pas trop compliquée. Là gros coup sur le buzzer, Lynch est viré d'office, et avec lui pour faire bonne mesure Terry Gillam, Le Faucon Maltais, la majorité des films qui sortent un tant soit peu du cadre stricte de la dramatugie lisible, linéaire classique.
  • faites un plot en béton armé, une intrigue waterproof et tant pis pour le plaisir. Contrairement à ce qu'on pense, on vient de balayer tout le cinéma d'Hitchcock, qui  met met minutieusement en scéne des intrigues absolument invraisemblables. Trouvez l'erreur.
  • du sous texte du sous texte du sous texte : à force de s'obséder à décaler ce qui est ressenti de ce qui est exprimé, on arrive surtout à ces scénes fameuses où le héros qui a une fléche dans le bras raconte une blague de toto. Alors du sous texte ok, mais surtout euh, du texte déjà ce serait bien.
  • le personnage a un défaut, une faille, une tare. Va chercher ta machine à défauts, ton bouquin de psycho à 3 euros et pan mets en une tartine dans la gueule du personnage. Et là c'est le drame. Non un héros n'a pas plus de faille que vous et moi (si si relisez bien, c'est vrai). Ce qu'il a c'est un vide qu'il ignore. Et ce vide, c'est justement ce que l'histoire va combler. Mais ce peut être un beau vide, un vide sympathique, un vide lunaire. Le seul effet de ce genre de théorie c'est juste de pousser à créer des personnages antipathiques à la charactérisation lourdingue et d'ajouter encore un peu à la philosophie ambiante qui confond cynisme et description réaliste, dramaturgie et gros oeuvre de maçonnerie.

Pourquoi je me chauffe là, un peu sans raison, je vous l'accorde ? Parce que le cinéma mondial se cherche. Il cherche vers le passé, vers les effets spéciaux, vers les séquel de mashup en remake, vers le docu scénarisé, bref il se cherche.

Tous les scénaristes du monde savent bien que tout a été fait, refait, et rerefait. Mais ils savent aussi que nous vivons une grande époque, une époque de transformation et de maturité du cinéma.

Alors quand il faut tout inventer, tout réinventer, le plus simple est une fois pour toute de comprendre que les anciennes recettes ne marchent que pour écrire la frange la moins intéressante de la production d'histoires. Nous ne sommes pas des tâcherons, mais des auteurs, des inventeurs.

Nous sommes libres, et c'est bien de cette liberté dont le cinéma a besoin aujourd'hui.

Et sur ce, bon week end à vous.

21 février 2012

One story, Four Pitches

Everyone insists on how important a pitch is.
But as for myself, I think every writer needs four different and necessary pitches.

First is the install pitch, the initial appeal of a conflicting contrast, a fresh situation around someone in relation with three essential entities : us, his world, and a vital necessity. This pitch is all about strong links. Link between we and him : some special angle about him or his situation must catch our attention. It must be immediate and extreme. But the links between him and his world and his necessity must also be carefully thought : all the plot and theme magnitude depend on them. This first pitch must establish a sound, promising and original set up for the whole story.

Second is the end pitch. It comes sometimes quite late in the writing process. Each writer has his own tempo. But when the end is clear, it must again consist in a strong and potentially heart lifting pitch. It must be both definitive as it closes the narrative cycle of the story, and unveiling a powerful future. This pitch is about the potential story to come for the characters we've been rooting for. The end pitch is not a resolution. It's a promise. For good or bad, it's an irresistible direction in the life of the protagonist.

Third is the midpoint pitch. Not merely a simple complication but a mind reversing force that the theme will spread from in the second half of the story. The midpoint pitch is a glimpse at the total light or darkness the end will illustrate.

These three pitches are all precisely designed reports of characters, dynamics and events. They have to be crystal clear.

The fourth is about the smell, the tone, soul and mood of the story. Sometimes it's the one liner under the title. It doesn't even mention the places, genre or characters. But it sets the narrative contract between the movie and the audience, and for the writer it serves as a light in the storm of development. The essence of this pitch is poetry. It's a unique verse that bonds the soul of the writer to the right music at play. Here is the key for an inspired and focused writing.

So these four pitches are essential. Not only each one has a specific purpose, for selling the project, structuring it, giving him a powerful theme while staying coherent in the writing tone, but the four of them must resonate with each other, to produce a rich and colourful symphony that will continue echoing in the audience long after the film reaches its end.

18 février 2012

Backstory and the sense of loss


In a movie, the revelation of the backstory can be mind blowing or a miserable burden in the telling : how much, when, what for, from whose point of view, at what progressing rythm (Chinatown) or unique intensity (Runaway Jury, Psycho) is the ultimate identity and vision of the writer.


To some extent, the mastery of backstory is the central crossroad of the craft, the right path to any story, and the most personal artistic signature of the writer.

Very few stories have no backstory : an absolute action piece (L'homme de rio), a tex avery cartoon.
They are ultra dynamic, joyful, and have absolutely no respect for "plausibility".
No backstory means ALL ABOUT FUN.

On the other side, but with the same grace, we find free and sincere drama, always close to a comedic feel (Comme une image, Milou en Mai, Mariages!, Bacri-Jaoui, Allen ou Apatow styles ). Here, there is no "revelations" but a free and permanent  relation to the effects and presence of the past) As both exceptions and brilliant illustrations we find American Beauty, which is, technically, only backstory, Titanic or The Bridges of Madison County.

Somewhere in between : 99% of movies. In which either :

  • The BS is the core subject in itself. And therefore there is a justification to build all the spine in direction of a climactic moment of revelation (6th sense, usual suspects, chinatown's crisis, runaway jury, once upon a time in the west)
  • Or it is a way of explaining some hidden dimension of the hero. Justify a plot, a complication. There is the most important danger of sliding towards some "easy writing" which lowers the quality of global narratives in stories.


Great writers use BS as a nuclear weapon. Because ultimately this is what it is : a nuclear dynamic power to impulse energy to the telling. Or its cornerstone. So if you are a writer, you should have a clear and absolutely legitimate reason for any second of BS in your story, and its place.

When approached properly, backstory is the key to elegant and powerful storytelling. Because it's in our relation to the past that are built the more meaningful emotions of our life. Backstory is vital because it drives the essence of time, and time is all what stories are made of.

But for us, as audience, as human being or as writers, what is the essence of time ? What is the very sense of using backstories in our telling ? It's loss. Loss of a beloved one, loss of innocence and childhood, loss of all that was precious and sacred for us.

Loss, and our reaction to it. Loss drives you mad, violent or wise. It triggers wars or the highest philosophies that illuminate the most beautiful stories.

Juliette kills herself because she won't have Romeo and can't overcome this fate.
Kate loses Leo in Titanic, but we find her as an old and happy lady, because she made "each day of her life count".
Or Ilsa and Rick can take separate roads with no bitterness because they' ll "always have Paris".

So when you think of your character's backstory, or any character's backstory just ask this simple question : what did he lose, that is still a burning scar in his heart ?

And then let us see the scars, and if you wish, if and only if the story allows it, give him and us a healing moment.

 

11 février 2012

Pivotal Moments 1- How miraculous : the characters necessity fits your need


Let's be clear : while the message of stories and even our intention as writers are most of the time noble and sincere, the « craft » is mainly about trickery, cheat, duplicity.
And it's fun !

For instance, when the story begins the goal of your character is not to go forwards to the story's climax. This is your need, at least if you know the end. From time to time, it's good for us to remind the true pivotal moments from the perspective of our needs as writers.

  • Opening image : here is the metaphorical menu. We need to give a symbolic, honest, but mysterious metaphor of the story to come, while presenting a real situation, standing on its own legs. A strong opening image is good when it can be seen twice with two different meanings, each being honest and clear.

Let's put it even more clearly : the purpose of the whole film is to enable the audience to understand the metaphorical meaning of the opening image. It is a complex and rich concentrate of all the story to come. It already bears the theme and the fundamental inner conflict of the protagonist that the story will build upon.

  • Inciting incident : our need here is to establish the theme and the vital unity that already ties the protagonist to the world of act II. It 's not enough to put the hero in jeopardy. It's not about « something happens to a guy », it's about « this is why he HAS to spend some time in the very unique world that is still ahead of him. He needs the world to come, and the world to come needs him. Why ? How ? To these questions, a good inciting incident (and catalyst later) provide elegant and profound answers. To do so you must have a deep and heartfelt understanding of the ordinary world, which means understanding fully your character : all his vision of his own life and all that he doesn't see by himself.

It's all about making clear for him all the aspects of his own life he refused to see, or lacked conscience about.

Yes, great stories are about the enhancement of self conscience.
In each and every character. In each and every writer.

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26 janvier 2012

Movies are about creative teams : Reel Artsy


There, in L.A., an enthousiast team led by Karen Gilmore and Joshua Dos Santos, passionate about movies and screenwriting, and runninng this delicious website Reel Artsy, dedicated to "quirky, awkward, offbeat indie films."

Twitter and the passion for movies were the key to connect.

So I thought I could indeed be part of this positive energy, while helping to present french movies to cinema lovers.

Well, there was a choice to make there. What would be the first movie to highlight ?

Jean Dujardin was helpful on this one. I don't know if he'll get this Oscar, but I sure got trapped wondering if he had the rings for his friend Benjamin, as he was the best man in a wonderfully apocalyptic wedding.

So here is my post about Mariages ! a french comedy brilliantly written and directed by Valérie Guignabodet.

Reel Artsy : Mariages ! (Valérie Guignabodet-2004)

 

22 janvier 2012

Each page, for everyone of us

 

Every writer experiences to some extent that we are strangers to ourselves. Good writing feels like going back home, a home we didn't know but still,  recognize. It gets familiar as we discover it.
So why is it so scary sometimes to dive into the realm of our own treasure ?
It could be easy to blame it on education, as it is commonly admitted. Blame it on parents, on culture, on social traditions. On individual limits or psychological flaws. On shyness and personal weakness.

Thruth, it seems to me, is that it relates to so much deeper layers of the human and animals minds.

When you take a time to dig in this interior world of yours, you put yourself in fragility and danger. Lions could appear. Snake could crawl to your feet. Tribes could attack the village. A bear might come in. Death could come, light could be killed. Ghosts could defeat you for eternity. The world could drastically change and make a stranger of you. By the time you awake of you dream travels, you could die, lose everything, be an orphan.

Millions of years of fears have written their laws in our genes. And each of us comes to earth with this inheritance. All the behaviours that could put us in a condition of weakness have been protected and made uneasy by psychologicals barriers. These are highly powerful remnants of the ages of darkness. These mental inhibitions were once the warranties of safety for warriors in a world of terror.

Our evolutionary past has written its message in the most archaic patterns of our brains.
It has associated a notion of risk, and thus equivalent mental barriers to all that makes us possible preys : sleeping, expressing love, making love, sharing, opening our homes, feeling peaceful, smiling. Artistic enterprises. Fantasy.

Most everything that constitutes the very treasure of human life. 

Joy, love and freedom are naturally rooted in the deepest of our hearts. But they must be conquered again and again by overcoming the ancient spirits of fear.

From these archaic mental patterns we must free ourselves.
From these patterns artists have an urge to free themselves.
This is the most crucial threshold of writing.

The more you have to give, the more fragile you know you will be, the more terrible it seems.

Writing is all about the courage to be fragile. The letting go of brains and consciousness. The surrending to the inner flows of whatever lies in the sea of you humanity.

Each page is a renewed victory against the ancient memories of our species.  
Each page builds a freedom of your own, a freedom for us all.

For what each writer does, facing himself with strenght and courage, is a victory for the human race. Each time, we reduce the impact of archaic mental patterns. Make them softer, easier to overcome. Each page changes the very neurons of our universal brain.

That is to say, the more writers on this planet, the more peaceful it will be.
Whether these writers sell or not, get published or not, each one is a hero. A warrior towards mental peace and a reinvented human condition.
A human civilisation where fragility is possible, where weakness is loved and respected.
Where babies are kings and children acknowledged as the most beautiful artists.

Writing means finding the voice of triumphant childhood.

18 janvier 2012

Coeur d'auteur, pensée volage I


La vie est une perpétuelle recherche d'équilibre.

Sans cesse centrer la balance de notre vie. Notre vie intérieure, la moins équilibrée, la plus partiale par sa nature essentiellement subjective, notre vie extérieure telle que les autres, dans leur infinité de critères la perçoivent. Et ce magnifique espace de frottement entre les deux, l'espace de nos relations à tout autre être vivant, à chaque instant de nos vies sociales.

Ce principe de vie a été modélisé par l'occident. On l'appelle homéostasie en biologie et en cybernétique, la théorie des systèmes a largement mis en évidence ce processus à l'oeuvre, la science y a sans cesse recours, dans la notion d'élément neutre, d'équilibre des forces, d'action, réaction, contre-action.

L'orient en a sa propre approche liée à la fluidité du temps en cours de passage à travers la notion de che chinois, repris par le ki japonais. Le yin yang sans cesse en échange, en effort vers la complétude, vers le non mouvement, vers la cessation du mouvement dont le désir même, la propension, crée la dynamique.

L'auteur lui même dans sa vie ou ses écrits agit selon ce principe. D'un côté ses intentions créatives, ses impulsions artistiques nourries de ses besoins psychologiques les plus essentiels, conscients ou non, sans jugement possible sur leur légitimité, les risques que ces besoins portent en eux mêmes.

Le simple désir ou besoin artistique expose au danger : enfant de la solitude, dans laquelle nos consciences nous emmurent très tôt, le désir artistique se tend vers une autre solitude, celle de l'autre, si transfiguré par l'oeuvre, il se reconnaît dans une fulgurance vitale et irrésistible.

En face, de l'autre côté, que va t 'elle trouver cette propension éminemment enfantine à tendre à l'autre l'expression de nos univers intérieurs ? A adresser à chaque fois une sorte de prière qui ne s'avoue pas, à sacraliser en faisant mine de rien l'écho d'autrui à ce a quoi nous mêmes accordons à cet instant le plus de valeur ?

Elle va trouver en vrac : une autre subjectivité. Le « marché » réel ou supposé, équivalent pour l'industrie du cinéma du « qu'en dira t on ? » social de nos parents. Les goûts des décideurs. L'inattention, la malchance. L'erreur de timing. Un intérêt sincère mais sans suite. La concurrence de millions d'autres propositions. Elle va trouver le mur de la saturation, de l'approximation d'attention, de compétence.
Elle va se heurter à la loi fondamentale de tout échange : prendre place dans un contexte de ressources rares. Peu de temps, peu de moyens, peu d'opportunités. Peu de visibilité. Rareté de la mise en production, inerties inhérentes à l'engagement que représente un projet de film, voire l'investissement dans une simple conversation.

Voir clairement les deux pôles, en se mettant comme de côté, dans une position méta, me paraît une étape utile dans la maturité d'un auteur.

D'un côté un humain seul et passionné extirpant de ses entrailles créatives une proposition de jeu, une offre de rêve à partager, la promesse d'une expérience intense et chatoyante. De l'autre les conditions dans lesquelles atterrit, parfois pas ou difficilement, la réalité tangible de ce qu'il propose au monde.

A chaque projet, la même équation se repose à l'identique.

L'enjeu : créer un pont à travers le temps entre deux esprits. Auteur et lecteur, film et spectateur, toute entreprise  est un pont.

Toucher l'autre, résonner en lui et l'autre en nous, est la matière de toute histoire.

De tout art.

De toute relation.

De toute société.

De toute vie.

Le bonheur sous ses formes quotidiennes, affectives, psychiques et créatives est avant tout un art de la rencontre.

Au paradis des retrouvailles, qui dit bouche dit oreille, qui dit page dit regard, qui dit main tendue dit main qui se tend, qui dit film dit public, qui dit parole d'amour dit coeur pour la recevoir. Dans le rappel fugitif et précieux d'une vérité éternelle, qui vibre à l'arriére plan de nos consciences : l'humanité est une, nous sommes un seul coeur cerveau éclatés en milliards d'expériences subjectives depuis la nuit des temps, et chaque occasion de retrouver cette unité laisse au fond du coeur un goût sucré de paradis.

C'est ce retour au paradis, que pourtant nous ne quittons jamais, qui nourrit toutes nos voix et toutes nos faims.

 

17 janvier 2012

Flying


If you are an artist, chances are you are a perfectionnist, an obsessed soul always in search of gold.

Well, I am.

So let's celebrate together a simple truth : we'll never get a hundred per cent satisfied. Nothing we'll ever write will meet all of our expectations. Some might, a few lines and pages may pass the cut, and even bear the test of time. But so few indeed. So let's open our eyes once for all on this.

And you know what ? It's a good thing. Being satisfied could only mean that we're not conscious of what true greatness is. It could mean blindness and self indulgence. Which are the death of all living creativity.

So for the sake of my own motivation, and maybe yours, I'll state it plain and clear : creative satisfaction is for assholes. And you're not. Neither am I, hopefully. So let's reward ourselves warmly for this painful but necessary feeling.

On the other side it doesn't mean we should rely on this fact and not push the process to the best we can. There lies the true challenge. Find the right balance. When do we put an end to the process of a story ? How do we know ?

If we can't rely on an inside feeling of completion, the words of other will be vain. And if we rely on the words of other, we simply put aside any creative signature, we run away from the very essence of authorship. I have no handy answers. There are none. Writing is about entering darkness with a capricious and tiny candle, while the wind blows.

I have no answers, but I know life. How do we know our kids are ready for school? For leaving home ? How do we know we've found love, everlasting love ? How do we know we should end a friendship, a wrong relation ?

Well, we know after. Any decision only reveals its face afterwards. Before taking it we're still in that uncomfortable place we call doubt or confusion. With few and fragile hints at what the good road is. The creative process is the process of life itself. Everlasting crossroads. Too simple and we betray life, we fall in clichés of thinking. Too complex and we're overwhemeld.

Our hearts are challenged by the outside, by our limits and fears, our wishes and abilities.

We never know. Fight, smile, take it, leave it, go this way, change, declare war or cease fire, tell this or keep your mouse shut, cross the line or stand for it. We just decide and go on.

My son moved to his appartement today. He is happy, deeply in love and all is right.
I feel like crying.
But I know it's a good move, a wonderful time for me and him, as father and son, and I thank life for it.

When our stories are ready, they just fly in the world, as birds opening their wings.
And I guess this is what life and writing are all about.

Wings opening.

 

5 janvier 2012

Merci Charlie Kaufman


Nous sommes seuls, nous nous sentons incompris, nous avons peur, nous ne savons pas quoi faire, ni comment le dire.

Nous l'avouons, nous le cachons, nous le refoulons aux oubliettes de notre conscience, nous nous frappons les côtes et nous avançons, puisque tous les autres font pareil.

Nous avançons, avec ce que nous avons, avec ce que nous savons, Avec ceux que nous avons, avec ceux qui nous ont.

Nous traçons nos routes incertaines dans les lignes de fuite de nos vies, elles-mêmes assombries et menacées par les lignes de fuite du monde. Vieilles croyances en ruines, braises froides des rêves d'antan, vestiges fumants d'un soi qui n'est plus, d'un temps qui n'est plus, tandis que le notre va trop vite vers un avenir confus.

Un futur flou dans lequel nos esprits se perdent ou qu'ils s'épuisent à imaginer, un avenir aux contours changeants dont les formes effrayantes semblent mieux dessinées que les paysages de paradis.

Et au milieu de ce fracas certains écrivent des histoires.

Dans ce torrent d'histoires il y a des histoires pensées, des histoires savantes sur les sociétés, la géopolitique, les stratégies internationales.
Il y des discours, de la propagande remâchée, il y a des idées qui volent de tête en tête sans jamais entrer vraiment dans aucune.
Il y a des histoires d'amour, de sexe, de passions torrides, des histoires d'horreur, des histoires pour les enfants, pour les jeunes, pour les femmes, pour les déshérités.
Des histoires de vengeance, de promesses, des histoires à dénoncer, des histoires à espoir, des histoires sur l'art de raconter des histoires.

Et au milieu de ces histoires il y a les scénarios.

Et parmi les scénaristes il y a Charlie Kaufman.

Et parmi Charlie Kaufman, il y a chacun de nous, et toutes les histoires possibles.

Ce qu'a fait Charlie Kaufman dans son discours aux Bafta, c'est la seule chose qu'un auteur peut faire de vrai dans un tel chaos : se déshabiller, et dire je suis nu.

Nu.

Avec les chiens, les fleurs, les nouveaux nés, les morts et les amants.
Nu avec les peuples, nu comme l'air, nu comme le temps, nu comme la lumière.
Nu comme la liberté, comme l'espoir, nu comme aux origines et nu comme bientôt.
Nu face à la vie, au monde, nus entre nous, nus face à nous.
Nus et heureux.

Merci Charlie. Nous sommes nus avec toi.

Et c'est la seule bonne nouvelle sur laquelle nous pouvons fonder un avenir radieux, créatif et solidaire.
Et c'est la seule façon d'écrire des histoires dorénavant.
Et c'est le seul chemin par lequel ce monde retrouvera ferveur et sérénité.

Et c'est la seule condition pour que nous dormions la nuit, un sourire aux lèvres, en pensant à demain, en pensant à chaque autre petit frère ou petite soeur de vie sur cette planète.

 

4 janvier 2012

The art of reading

The screenwriting litterature is abundant in saying all screnwriters should hone their craft by reading and writing.
And this of course, every single day of a somehow strange life.

Write every day for sure. Read every day : fiction books, newspaper, scripts, good and bad, more books from classicals to contemporary, read all formats, train your reading muscles.

But the biggest skill of all, and this one I never see underlined in these books, is to read what you write.

If you think I try to play it smart, you're about to acknowledge a very simple fact.
We can perfectly evaluate any writing, except ours, because we are not taught to.

It's not natural, we never in normal life take a huge amount of time to read what we write. We vaguely reread a card we send, a mail, more thoroughly a professionnel memo, a recipe, very rarely a thesis.

So how could we imagine we would naturally be good at doing something we spent so little time at, even as adults ? Only writers reread what they write daily and intensely.

This skill is gained therefore only by experience and repetition.

What about the amateurs ? The aspiring writers ? Many errors are induced by misreguarding this precise skill, many time wasted and lots of frustration.

Editing is under evaluated by them, sometimes regarded as the enemy of creativiy, as it's repeated everywhere that editing should come after creative writing.

The truth is that our brain processes billions of informations in nanoseconds.

All mixed together after discrete operations involving each of our sensorial circuits. Complex operations called neural maps, reassembled and reorganised by the higher levels of ou brains. And we are aware of nothing.

So let's trust our brain.

Reading what you write is a skill you can immediately gain by focus and intensity in considering words on the page as if they were strangers to you, then feeling what they express and convey, compare with your intention, edit, write again and go on.

Writing is day, reading is night, both faces of the same coin, and that coin is you.
On your writer's clock you have the ability to decide each second if it's night or day.

This way, you gain years of experience, simply by being able to maintain an absolute mental clarity and cold blooded editing, switching modes in a blink, or even marry them in the same impulse.

This last one is the grace of flow, the perfect connection between your inner world and the page.
It is not a bliss that we should cherish for its rarity.

It 's a state we must be convinced that should be normal, is indeed normal.
Join all your knowledge, logic and emotional subtelty as a demanding and well trained reader. And apply it to your writing.
When you do that easily, well ok read the rest.

But when you do that easily, you are too busy producing quickly and abundantly your best writing that you'll just have to make the effort to invest time in reading.
My best moment is when I go to sleep.

I never spend a night without a line.

 

2 janvier 2012

Voyage d'amour


Quand on n'a pas écrit, on ne peut pas comprendre l'écriture.
Il faut y être au moins un peu entré, pour comprendre qu'y mettre un pied, c'est déjà s'engager à tout lui donner, car il n'y a pas d'autre façon d'écrire que de se livrer totalement.

Ceux qui n'ont pas fait ce voyage passent à côté de la source et du sens de nos itinéraires dans la vie réelle.

Mais quand on écrit, on ne peut pas davantage comprendre l'écriture. On s'y adonne, on se livre à elle, à ses mirages et ses merveilles, on plonge dans les mondes infinis qu'elle ouvre et les tortures jouissives qu'elle nous inflige pour distiller ses élixirs.

Au fond pour comprendre l'écriture, il faut avoir écrit.

Connaître ce monde et les clés du voyage, mais rester en deçà du seuil des sirènes et des secrets. A ce point précis, la vie réelle, où notre corps existe, et les royaumes imaginaires où notre esprit découvre sa vraie nature, se présentent à nous pour ce qu'ils sont : deux visages complémentaires, indissociables et inconciliables, de l'expérience humaine.

Chacun de nous passe à sa guise par le miroir magique et en revient.

Ne pas le connaître c'est vivre à moitié, dans les sentiers balisés des sociétés successives. L'emprunter c'est embrasser l'infini au risque de se perdre dans l'éternité enivrante des mondes imaginaires.

Entre la moitié et l'infini, chacun de nous construit sa propre complétude.

Voyageurs sans cesse au prise avec les rochers du réel, mais aussi son goût et ses plaisirs sensoriels, happés ou portés par les vagues dérivantes qui seules nous conduisent vers les îles aux trésors, nous nous saluons et nous aimons, tantôt dans ce monde et tantôt dans l'autre, comme des ombres fantomatiques assoiffées de lumière.

Mais nous n'existons vraiment et ne créons de vraie relation que quand nous avons tous, en même temps, un pied dans les deux mondes. A cet instant, l'extase se fait présent tranquille, et nous ronronnons de bonheur, dans le partage souriant et complice d'une goutte d'amour pur.

Quand nous sommes jouissance partagée.
Quand nous sommes comme par magie irradiés de sourire, un sourire de silence qui se dessine aussi, bouche commune, lèvres scellées de partage, sur le visage de notre partenaire en cet instant magique, précieux, cet or de la vie qui nous fait inlassablement repartir à l'assaut des cailloux du quotidien, de la routine, de l'usure.

Nos chemins chaotiques sont bien les seuls qui mènent au ciel des artistes et des amoureux, et ce ciel est bien le seul d'où pleut une pluie de lumière, pour enchanter le public, tous ceux que nous aimons en ce monde, et qui souvent, nous aiment infiniment sans bien comprendre à quelles merveilles nous devons nos pires chagrins et nos joies les plus farouches.

C'est cela écrire, partir loin à s'en bruler les tempes, pour dire à ceux qui sont partout à côté de nous qu'ils méritent un territoire plus enchanteur que ce que la majorité des mortels nomme réalité.

Oui, écrire c'est déclarer la guerre au réel.

C'est quitter sans cesse ce que nous avons de plus cher, c'est se projeter voyageur orphelin, aventurier du désespoir, avancer à la lueur d'une torche qui ne brûle que de nos peurs, pour ramener de haute lutte un caillou d'amour, une pierre de lune, un souffle d'étoile et le poser là, sur la table, sur la page, sur l'écran.

Je vous souhaite une très belle Année 2012.

 

12 décembre 2011

La clé de voûte : Marius, les quatre tiers et les 3 moitiés.

 

Petit préambule. A l'usage des plus novices : faites comme vous sentez, sans trop vous casser la tête sur les questions théoriques. Aux plus expérimentés : votre méthode est la bonne, puisqu'elle marche.
Cela étant je partage par écrit ici deux, trois idées, à toutes fins utiles, et disons, pour le plaisir.

Dés qu'on s'intéresse à l'écriture de scénario, on tombe sur la question de la structure. Question qui veut tout dire et rien à la fois. On peut gloser à l'infini sur le nombre d'actes, prétendre avoir trouvé des secrets que confirment après coup le visionnage des films - quand on a un marteau dans la tête, le monde entier est un clou -, aucun outil savant n'est de la moindre utilité avant d'avoir déjà une sorte de paysage assez précis d'une histoire.

Mais quand même...

S'il est forcément juste, et de bon sens pratique, de poser les grandes lignes sous la forme début, milieu et fin, et de prétendre fonder sur cette notion la façon dont une histoire se déroule, c'est la question de la clé de voûte, ou midpoint chez nos amis anglais, qui me semble la plus pertinente.

Parce qu'il est assez facile de vérifier s'il y en a une ou pas, dans la majorité des films.

Or il y en a.

Des clés de voûte brèves ou durant deux ou trois scènes, des clés de voûte thématiques et des clés de voûte dramatiques.
Alors pour faire simple, s'il y en a, j'ai du mal à concevoir que l'on parle d'acte II en un seul morceau. Soit il est en deux morceaux, avant et après le midpoint. Soit dans un rythme plus ternaire, avec un sous acte qui tient lieu de pivot.

Pour moi, la clé de voûte est donc, et de très loin, le principal « moment » de l'histoire à poser. Plus important que la fin, qui peut évoluer, et sans aucun doute plus important que le début, qui en bonne logique, ne s'écrit bien que quand on a écrit tout le reste.

Effet induit pour moi, dans ma pratique, le modèle le plus simple et le plus juste pour avancer dans la structuration est donc un modèle acte I IIA IIB III. Un modèle à quatre temps, qu'utilisent évidemment un grand nombre d'auteurs.

Or quatre temps, ce n'est certainement pas trois.

Si l'idée de clé de voûte a la moindre once de vérité, il n'y a a pas plus de raison de regrouper le IIA et le IIB dans un gloubi boulga appelé Acte II, que de regrouper le I et le IIA ensemble, ou le IIB et le III ensemble.

Et du reste, cette dernière manip est à mes yeux la plus juste dramatiquement.

Elle nous rappelle que la mère de toutes les histoires, bien avant la lecture mythique ternaire de Campbell ou les idées d'Aristote, c'est la dynamique binaire que porte le chef d'oeuvre d’Homère, qu'il ait existé ou pas, ou même, vous l'avez peut être lu comme moi, que le vrai Homère ne soit pas Homère mais son petit fils qui s'appelait aussi Homère...

La pulsation de base d'une histoire s'articule autour d'un « partir » puis d'un « revenir ». Quand l'Iliade s'arrête, c'est la clé de voûte. Quand l'Odyssée commence, c'est que la clé de voûte est passée.

Il y a bien deux temps majeurs, d'un point de vue dramatique, thématique, dynamique qui constituent la respiration d'une histoire. Or poser ces temps, seule la fixation de la clé de voûte le permet.

Et autour d'elle, un acte II divisé en avant / après. Ou plus précisément deux actes, que l'on a tout à gagner à voir comme tout à fait distincts dans leur logique.

Disons les choses simplement : l'acte II n'existe pas.
Ou plus exactement comme dirait Marius, un bon film s'écrit en trois moitiés.

Une moitié du début jusqu'à la clé de voûte.
Une moitié qui serait l'acte II classique, et qui souvent correspond à l'occupation d'un espace précis, du monde extraordinaire, de l'aventure.
Et une troisième moitié qui va de la clé de voûte à la fin et porte l'affirmation active du personnage principal, et surtout, le propos de l'auteur, son regard personnel, son univers.

Sachant qu'il ne s'agit là que de torches improbables pour avancer dans l'obscurité de nos aventures avec les histoires que nous voulons raconter. Ceci dit, à la puissance automatisée de l'électricité j'ai toujours préféré le feu et la fascination qu'exercent sur nous ses mystères...

Le feu réchauffe, effraie et fascine. Il éclaire et détruit parfois. Il rapproche les humains, brille dans la nuit pour cuire la viande ou chasser les fauves et les dragons.
Les histoires sont faites de feu, elles sont le feu de nos vies et de nos coeurs.

L'important, pour nous, c'est que le feu prenne, que les flammes produisent lumière et chaleur dans l'obscurité de nos destins.

C'est cela écrire : frotter le silex pour produire une étincelle, éclairer notre nuit, manger peut être, nous retrouver avec le clan dans la lueur magique d'un mystère qui nous dépasse tous, mais nous unit aussi, inexplicablement.

 

4 décembre 2011

Being true to the story


Writing is about being simple and true to the story.
And then being able to deliver a mind and heart blowing experience to the audience.
These are two absolutely different aspects of the process. 


The first requires a personal and humble clarity of mind.
The second requires knowledge, experience and a taste for power. 


First is the art of peace, second is an act of war.
Any lack in one of the two results either in a boring attempt or in a meaningless and spectacular agitation. 


No surprise why so many humans try so many times while so few stories bear the test of time. Writing these stories is like climbing the Himalayas and each of us long for the fresh air of such a feeling of freedom and accomplishment. 

Wish you the best possible walk to the top of your stories since we, writers, experiment that it 's the same road that leads to hell and heaven. 

Good writing to you all.

30 novembre 2011

Writer's sweet spot


Everything is adaptation, all is creation.
There ain't no boundaries in this world or in creation. Boundaries only exist in men 's minds and territories.

That's our jobs as writers to explode these boundaries and offer an insight to better ways of living.

This is the eternal message of stories, always to be repeated in thousands of different ways, but it all comes down to : love, keep your heart warm, share, help your fellows in life, be bold, courageous, brave, enthousiast, speak the truth, stand for your own values, know when to smile and when to fight, acknowledge your failures and shadows but never doubt you're precious and worthful, and be confident that others do the same. We are all so close and connected.

Here is a piece of creative friendship though time and space, Fela's spirit over Jimi' Universe, made possible by a band of fellas who know what they do, and enjoy doing it. 

Good writing to you all.

 

 

 

29 novembre 2011

When you're right you're right et quand c'est raté c'est raté.


Impromptu d'écriture à la volée : Comment progresse t'on en tant qu'auteur ? Comment jauge t on un texte ?
Foin de théorie, autant le faire dans le dur du job. C'est sans doute encore le meilleur moyen d'être honnête avec les plus novices.

La seule façon c'est de se relire et d'écouter dans ses tripes la vraie musique du texte, d'en goûter la saveur crue. Ce qu'Hemingway appelait le bullshit detector.
D'analyser ce qui s'est passé, pour ne pas recommencer.

Eh bien là, le bullshit detector de mon dernier post a la grosse aiguille dans le rouge. C'est long, c'est physiquement mal découpé sur la page, ça rame, bref c'est raté. Si si.

Si je compare au post de la veille j'en ai les dents qui crissent. La fluidité a disparu, la spontanéité s'est transformée en effets faciles, le propos reste confus.  Tout est un peu terne et forcé, bref ça sent la facilité jusqu'au fond des naseaux.

Sorry. Mais je m'en rends compte, je le dis, j'assume. Un bon point pour l'attitude. Ça me rappelle un entretien de Marcus Miller, qui est toujours un gars passionnant à écouter, quand il joue ou quand il parle. Un entretien dans lequel il se souvient que les plus belles pistes de jazz ont été enregistrées en live, en une fois, sans filet : 5 ou 6 bonhommes jouent ensemble, on enregistre et on n'y revient plus, couac ou pas couac.

Et qu'il lui est arrivé de jouer dans ces conditions, et de garder à vie sur un enregistrement un fa au lieu d'un mi.
Tout en l'oubliant, pour rester décontracté au prochain concert.

Alors respect aux auteurs qui travaillent sous la pression, aux éditorialistes qui doivent rendre leur copie chaque jour, aux comiques qui réécrivent leur texte 2 minutes avant l'antenne et après, plus de retouches, juste la leçon du cirque, l'expérience.

Demain je remettrai sur le métier. Pour aujourd'hui, voici le seul propos que j'aimerais partager.
Il faut rester humble.

L'écriture est toujours la plus forte.

 

29 novembre 2011

Drama liturgie (sweet)

 

Mes bien chers frères, mes chères bonnes soeurs.

Comme l'a dit le grand maitre Alain Kipit, un bon début c'est déjà la moitié du boulot.

Surtout que vous étiez là, 'achement nombreux hier, grâce aux copines (smack les copines) et que je vous connais, vous êtes reviendu pour la vérif. Et vous avez en tête l'adage du métier : Promettare bonobo sed livrare debet (ce qui veut dire « quid non deadlinae respectat abrutim passam. »)
Et ça, j'ai pas bien envie. Moralité c'est deliver ou die trying. Poussez pas on vient.

Ceci dit, bravo, je note que ce matin t'as pris tes céréales, tu t'es frotté le museau deux fois pour venir ici au mieux de ta forme. Ça me touche. C'est comme un rendez vous d'amuur un peu non ?
Toi moi, nous, le cahoua qui fume, à papoter de nos vies et de movies, de rêves z'et de plume. Hein qu'on est bien ?

Bon. Il y a très précisément 24 heures, ici même, toi et moi on en étais où ? Mmh ? Ah ouais : la dramaliturgie. y'a pas d'autre mots. Toi même tu sais.
Le truc qui colle comme un morpion à la peau de tout scénariste en herbe ou même en bois dur.

Extrait de la bande son du cerveau d'un scénariste qui bosse :

« ouais comme ci, ah non alors comme ça, ou bien là, ou ailleurs, pis il serait genre ceci, ou il irait là, mais plus tard, et on le saurais qu’après. Ok mais why ? »
L'enfer. Sauf pour les tintins qui ont une boussole atomique. Mais des tintins, y'en a pas des masses.

Bref. Dans la jungle des histoires, au bout de 100 ans de cinéma, la race humaine s'est dotée de sages, d'allumés, de bons mécanos et autres pimprenelles pour défricher le terrain.

Jusque là, un esprit innocent dirait « ben c'est pas mal »

Halte là scarabée.
T'as pas vu Usual Suspect ? La pomme de la sorcière ça te parle ? Jesse James ? Iznogood ? T'es passé à côté d'Hitchcock ? Sun tzu tu confonds avec nems express ?
Threat, menace, false allies, code rouge, warning, le uss alabama fait ouin ouin de partout, GROS PLAN SUR DES YEUX TERRIFIES, le landau dévale les marches, le héros hésite entre le fil bleu et le fil rouge.
Ah c'est plus clair, tu saisis ? A la jungle des histoires va pas rajouter celle de la dramaliturgie.

Alors on fait comment ? C'te blague. On avance dans le noir sans rien. A poil l'auteur. A poil l'auteuse, si tu veux.

Ben ouais.
Tu as un doute ? Tu préfères pas, tu zieutes encore les gros bouquins.
Meuh non, c'est facile.Viens.

Obscurité
Clap. Omeyer et la jungle première.
Fade in.

La jungle.

Tadam. Moiteur de tronc emmêlés dans l'obscurité équatoriale. Des flaques sombrent aux racines des palétuviers de 25 mètres de haut. Cris de singe genre ahhhhaaahhh ahhha aahhhha (ouais ben t'as qu'à le faire le cri de singe, et tu vois très bien ce que que je veux dire en plus, chut)

Un long, long mais looong corridor végétal sombre, tout menaçant, manque plus que l'écriteau « coupe gorge » à l'entrée. Ah non, en fait il y est l'écriteau t'as raison.
Tadam.

Y'a les violons qui staccatisent avec un fond de percu balinaises. Ça fout les jetons, toute la salle a envie de hurler au héros : t'es con ou quoi, N'Y VA PAS. A tous les coups il va ya voir des crocos.
Mais hé, c'est le héros. Ouais on a qu'a dire un bogos, tiens genre Michael Fassbender.

Ha, là j'en connais deux ou trois qui ont le croissant hésitant tout d'un coup. Si si, t'en as fait tomber la mouillette dans le cahoua.

T'as envie de crier "roonannn omeyer va pas filer michael aux crocos. Alleeez. " Ben si les filles, j'ai bien envie tiens. Puis y'a pas mal de mecs aussi à mon avis. Seuls les plus pros murmurent d'attendre la fin du film pour en faire du canigou d'alligator, au prix où il coûte.

Ok les copines, je dénonce pas. Même mieux : je mets un champ magnétique anti crocos autour de Michael.
Mais sur sa tête y'a écrit « faut pas qu'j'aurais viendu » Il fouette salement le Michael. Sauf qu'il le dit pas, c'est Michael. John Wayne non plus il le dit pas. (Si c'est Ben Stiller ou Woody Allen, là tu prévois deux scènes où il le dit)

Et maintenant une échelle de corde. Le genre qui fait pas envie, tu sais, avec un gros plan sur l'endroit où l'est toute foutue la corde. Et là le rio grande à traverser. C'est comme Lopez avec sa Terre Inconnue, plus les colts de Django, une tribu d'indiens réducteurs de têtes, et allez le chikoungougna (en cas de rab, on le met quand même)

Ouf le héros met le peton sur la terre ferme, et même très très ferme, dans l'idéal il se pète l'orteil. On respire mais on a un peu les boules pour son orteil, le pôvre. Et là bang. C'est parti pour environ 20 minutes de peau de banane, de bonnes vannes pour lui cactusser l'ego (surtout quand c'est la meuf qui les lui balance) et autres bouts de verre sous les pieds.

Ben tu vois. Bienvenue à l'acte II. Et avec Michael mine de rien te plains pas.

Tu fais pareil, pas besoin de théories compliquée. Un mec (qu'on aime bien) débarque dans un coin dangereux qu'il ne connait pas. OU un mec dangereux débarque dans un coin peinard où vit un mec qu'on aime bien, ça marche aussi. Pof. Je viens de te faire économiser 500 euros de bouquins.

L'est pas beaucoup plus belle la vie (hin hin hin) ?

Demain, le basique essentiel le plus sous côté du monde des histoires, la clé de voûte. Alors sur ça oui, ça manque de vrais bons bouquins. Mais t'as de la chance.

Demain tu sauras tout.
Tchuss, moi je vais récurer. Parce que hier ma louloute elle a été cool, mais là faut vraiment qu'j'y vais.

See you tomorrow baby, avec les croissants et le café qui fume.

 

28 novembre 2011

J'veux pas qu'on m'apprend à écrir (parte ouane)


Les scénaristes, c'est un peu comme les sept nains ou les mioches au cp. Il y a les pénibles (nan j'veux pas m'assoir à côté de toi tu vas m'piquer mes granolas), les grincheux (m'en fous j'aime pas l'école c'est bidon) , les tout sages (moi m'dame), les souriants heureux de la vie (oué c'est lundi), les prétentieux (mon papa il est avocat / moi j'ai travaillé avec duchmol et en plus je connais muche donc toi t'es qu'une merde, sit down ta gueule).

Bref une chouette famille qu'elle est vivante.

Mais il y a moment où tous sont capables d'en venir aux mains, sortir les dents, un moment où chacun a LE seul point de vue raisonnable. M'ames messieurs, ce sujet c'est la dramaturgie/les gourous/comment qu'on fait euh ce qu'on fait tous mais pas pareil ou alors si peut être.

Alors là vous en avez de la ligne maginot, de la tranchée profonde, du clocher qu'il est plus beau que le tien (connard).
Le genre de sujet où on est sûr de pas revenir brecouilles, parce que bon, il y a le mauvais scénariste et le bon scénariste. (tiens google prends toi ça dans la traduction je me marre)

Donc, c'est lundi, rubrique quick and easy, petit digest résumé des programmes idéologiques les plus répandus sur le sujet :

  1. Si quelqu'un est assez con pour t'acheter tes salades, pourquoi tu t'emmerdes avec ces questions à la mords moi le noeud dramatique ? Tu ponds, tu vends, tu fermes ta gueule et laisse les vaches mâchouiller. Avantages : pragmatisme, un sens incontestable de la réalité. Inconvénients : euh tous.

  2. COMMEEEENNNT ? Tu n'as pas fait les séminaire du Dr Scriptus ? Il est géniaaaal, affolant. Concept à tomber. Imparable. Comment faire THE blockbuster en 258 étapes ga-ran-ties.
    Bon première question qui vient à l'esprit. S'il est si fort, pourquoi il en fait pas lui des scripts à oscar. I se ferait des millions de dollars depuis son jacuzzi au lieu de quelques centaines de milliers en courant partout. Alors là, bien sûr, on doit attaquer les sous-écoles.

    Petita  Coté récré : ouais mais jacquet joueur euh, et jacquet coach pan, tu vois l'idée ? Oui bien sûr qu'on la voit l'idée. On peut guider à, sans savoir faire. Si on jette Philippe Lucas à l'eau il ira pas plus vite que Manaudou mais si on jette Laure à l'eau sans Lucas, elle ira peut être moins vite qu'avec. C'est sûr.

    (euh tu suis pas ??? t'as pensé aux oméga 3 ? t'es pas un peu à court d'acerola du bulbe ces temps ci?)

    Petibé Coté préau : si tu commences à écouter ceux qui font pas pour savoir comment faire, c'est fou-tu. Bilan des courses, seuls ceux qui font connaissent le job et peuvent conseiller. Inconvénient : euh faut voir ce qu'ils font aussi...

  3. Plus revêches mais une caractérisation immédiatement reconnaissable : les mao de la méthodo. L'écriture mon pote c'est comme ça, d'ailleurs les camarades sont d'accord et c'est la position du parti. T'as des envies d'hérésies ? (gros yeux menaçants) Prends ta pelle et ton seau et déguerpis petit scarabée.

  4. Ceux qui écoutent Hendrix un verre à la main (non deux, non fais péter la bouteille, comment l'épicerie est pas ouverte à 4h du mat' ? ) : un scénario c'est la plongée dans les secrets de l'esprit. D'ailleurs Sri Escroka l'a dit : Who knows what about the cosmic mysteries (suivi de « t'en veux ? »)
    edit : m'est arrivé de farfouiller du côté de cette catégorie mais bon chut quoi, peace.

  5. Les humblo réalistes : oué tout ça c'est compliqué, faut connaître un peu pis bon tu fais ta sauce, chacun fait sa sauce man, live and let write. De toute façon, on ne nous dit pas tout, on ne peut pas tout démêler, c'est sans fin. Sous-variantes : nous on n'est des petits, c'est pas L.A. ici, c'est Meudon, mais bon on s'fait du blé quand même. Sous-sous-variantes : PUTAIN mais où j'ai foutu mon xanax ????

Bref c'est clivant comme sujet, mais d'un clivant clivé entre ceux qui clivent et ceux qui savent que ça pourrait cliver et donc restent concentré sur leur pondaison journalière. Z'on pas tort.

Alors vous me direz, moi, c'est quoi mon idée, à part faire mon petit malin du lundi ?
Bien vu. Là dans l'immédiat je vais me faire un cahoua si tu veux tout savoir.

Mais en cas reviens demain. Si t'es sage je vais un peu récurer là dessus cette semaine.

 

PS : je sais c'est un peu facile, c'est bien pour ça que je le fais.

PS 2 : après des mois d'écriture ma maison est en boxon, et ma chérie ne va pas tout se taper toute seule, tu le comprends ça ? (n'insiste pas, j'ai essayé mais y'a pas, faut qu'j'y vais) Moralité là je vais vraiment récurer.

PS3 bon prends ta manette alors

PS4 si tu fidélises dans le lectorat tu n'a pas été sans remarquer la multitonalité à géométrie variable des posts de ce blog. Faut pas se voiler la face, c'est aussi pour te montrer que je peux tout écrire (ou quasi), j'ai la plume protéiforme. (et le melon moins gros que t'es en train de le penser je te ferais savoir)

Pour les contacts en forme de promesses de gros chèque, il ou elle clique sur contact, et surtout il ou elle n'hésite pas (because Noël arrive à fond les rênes et pour gâter ma chérie, faut que je vends beaucoup si tu vois ce que je veux dire)

PS5 oui j'adore Solo et Le Bolloch' (et Kaufmann aussi)

PS6 toi t'adores Omeyer, tu veux me connaître, pour de vrai en chair et en plume ? Dans mes bras !

 

26 novembre 2011

Thibault Arbre - Aurores Boréales

 
J'ai eu un coup de coeur pour ce court métrage réalisé en 2009 par Thibault Arbre, un jeune réalisateur français qui compte déjà plusieurs courts à son actif, et finalise en ce moment un autre film de 20 minutes, diffusé prochainement. Il est également chanteur et musicien. Il est rare de voir une telle sensibilité imprégner l'image. Quand les sensations vibrent, c'est que le don est là. 

Si vous partagez mon émotion, merci de diffuser largement cette vidéo.

*

Thibault Arbre is a french director and songwriter. He recently made a 20' short that will soon be available. In this short he made in 2009 all his talent already emerges. Sensations and emotions blossom on screen in a sensual yet bittersweet approach of boys and girls in their 20ies. 

If you enyoy this short, follow your impulse, like I did, and share it widely.

 

Aurores Boréales from Thibault Arbre on Vimeo.

 

 

 

24 novembre 2011

Northbound : strength and doubt


There is a shadow side in all of us : some part of us we don't spontaneously show or share.
It doesn't have to be a huge sin, a terrifying memory, or some unspeakable darkness.

It maybe doubt, hesitation, confusion. It maybe a few questions, self reflections that have not come into full light. We can name it the lively processing part of ourselves, seeds slowly coming to conscious and maturity.

It is the time before the harvest.

I might be the kind of person for whom this is particularly true.

A huge part of me has always been processing, working in depth. I allow myself to live with this treasure island inside, with its own waves, rythms, demands. Well, I have no choice, that's the way I am, that's who I am.

With years, what I used to see as a weakness, something that definitely made me different from others, became not only a friend, but even a golden gift. I've learned to listen to that part of me, to love and respect her, give her time.

I've learned to accept the mistakes she sometimes provoked, while I knew they were a very small tribute to pay in regard to all the wonders I was freely given.

Sometimes it's a sense of flow, sometimes sort of an intuition that barely comes to the level of words. Sometimes it's coloured and sometimes it's a sensation in my body. Sometimes it's a sentence that comes with boldness, a verse, a rhyme, a sound.

Sometimes it's a dream maker, sometimes a life saver, sometimes it's just a wandering friend with no purpose. It wears the habits of love and nightmares, eats meals of freedom, speaks languages I might one day understand. It's familiar and friendly, always changing shapes, it's part of this world and slightly beyond.

But in this travelling and amazing friendship, there are two special occasions when I know my inner oceans link to a wonderful dimension of life, the most precious one to my eyes, the one when I can really see that part of me as an astonishing strength.

First one is writing. When I write, it feels like home.

Baudelaire wrote this wonderful poem The Albatros, about a bird - metaphor for a poet - walking on the ground in an ackward way, all embarassed by his very wings. But as soon as he flies, he embraces the skies with grace and majesty.

That's the way we writers feel, don't we ?
That's the dimension where we're free, inspired, beautiful. That's the time when we recover our powers and identity. While in everyday life we sometimes ramble like worms, feeling so miserable and lonely.

Second is when I meet people inhabited by the same grace and confusion. Some are writers, some are teachers. Some are creative, some work with concrete. Some have been soldiers, some gardeners. Some have passed through unbearable tragedies, have seen the back side of life. Some are eternal innocent, with pink faces and baby smells around their tuxedos.

It doesn't matter.
When I feel this in people, it feels like home too.

It moves me to tears, because I know what it means, I know the inner experience they've been through. And sometimes the inner experience to come.

But it feels like home, because ultimately writing led me to understand and feel we're all made of this invisible, untouchable, unspeakable weaving of love.

 

 

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